L’horlogerie suisse, quatre siècles de tradition et de savoir-faire d’excellence
La Suisse est reconnue dans le monde entier comme un territoire d’exception. Excellence de son artisanat, prestige de son environnement cosmopolite, attractivité de ses organisations internationales, la Suisse est aussi séductrice par son florilège de décors naturels plus grandioses et singuliers les uns que les autres… Et bien entendu pour ses expertises horlogères aussi célèbres que réputées.
Oui c’est un fait, la Suisse est bien le pays de l’horlogerie.
Depuis près de quatre siècles, les savoir-faire de hautes technologies, maillant tradition et innovation, ont façonné le leadership de l’horlogerie suisse sur le marché mondial de la montre. Pour autant son histoire est bien loin d’être un long fleuve tranquille !
Successions de crises et autres difficultés sont venues régulièrement mettre des grains dans les mécanismes bien huilés des maisons horlogères helvétiques.
Des situations de crise récurrentes qu’elles ont traversées à grands coups de défis technologiques, structurels, soutenues par une capacité créative encore inégalée et une résilience continue.
Retour sur presque 350 années d’histoire horlogère… suisse, bien entendu !
Une industrie horlogère qui naît à Genève au XVI siècle
C’est au milieu du XVI e siècle, en 1541 plus précisément que l’industrie horlogère suisse naît. Dans la ville de Genève, Jean Calvin, en véritable réformateur, décide de bannir le port d’objets ornementaux, incitant par résonance les joailliers et autres maîtres orfèvres de la place à se réinventer. Ils se tournent alors vers ce nouvel art, l’horlogerie !
Dès la fin de ce siècle la ville de Genève impose sa réputation d’excellence, et la première corporation au monde d’horlogers prend vie, “La Maîtrise des horlogers de Genève”. Notons que Daniel Jean-Richard, aussi appelé « Bressel », un horloger jurassien natif du canton de Neuchâtel, dévoile en 1681 la première montre suisse, inspirée d’un modèle anglais inventé 2 ans auparavant. Figure tutélaire de l’horlogerie jurassienne, il est entré dans la postérité comme le symbole de l’horlogerie suisse traditionnelle, mais aussi comme le garant du principe de l’établissage.
L’établissage une tradition ancestrale mais révolutionnaire
Un siècle après l’émergence de ce nouvel art créatif, Genève compte énormément d’horlogers, peut-être même trop, poussant beaucoup d’entre eux à quitter la région genevoise pour s’installer le long de l’Arc jurassien. Daniel Jean-Richard (1665-1741) est le premier à implanter le système de “l’établissage” (l’organisation divisée du travail).
Le développement de l’industrie horlogère suisse est incontestablement lié au génie reconnu de ce maître orfèvre. En 1790, Genève exporte déjà plus de 60 000 montres.
Moyen de production basé sur une forme de sous-traitance très avancée, l’établissage consiste à produire en scindant le travail auprès de petites entités très spécialisées et indépendantes. L’assemblage n’est alors réalisé qu’à la dernière étape, au cœur d’un atelier qualifié de « comptoir ». Une spécialisation des tâches qui favorise une montée en puissance rapide et solide de savoir-faire inégalés. C’est ainsi l’alchimie de ces expertises cumulées qui façonne l’excellence et le succès de cette industrie horlogère.
Autre avantage de l’établissage, il permet à des artisans horlogers implantés dans les montagnes du Jura – à l’origine de simples fermiers dont l’activité cesse en hiver – de travailler à domicile, d’employer leurs familles, et de bénéficier ainsi en basse saison de revenus complémentaires.
Les siècles se succèdent comme les innovations horlogères suisses
Le XVIIIè siècle, entre développement et concurrence
Au début du XVIIIème siècle, les protestants du Royaume de France (les huguenots) fuient les nombreuses persécutions des catholiques et viennent massivement se réfugier en Suisse. Ils amènent avec eux leur savoir-faire, avec les dernières innovations en dates (anglaises et hollandaises) en matière d’horlogerie : le mécanisme à balancier, inventé en 1657 par Christian Huygens véritable génie dans son art, l’échappement à ancre élaboré par Robert Hooke (anglais), le mécanisme à ressort spiral, et bien d’autres nouveautés créatives des plus ingénieuses.
Cette époque est aussi marquée par la très forte rivalité qui s’est installée entre le Jura et Genève. Les horlogers genevois tentent alors de réduire autant que faire se peut la concurrence à coup d’innombrables mesures protectionnistes. S’en suivront, pas moins de 30 années de querelles entre ces deux régions. Pour autant, l’activité horlogère suisse ne cesse de se développer, et dès la fin du XVIIIème siècle, on compte pas moins de 20 000 personnes employées à Genève dans le secteur de l’horlogerie.
La production cumulée du Jura et de Genève affiche alors plus de 130 000 pièces par an.
Le XIXè siècle modernisation et légion d’innovations horlogères, messieurs les horlogers suisses, réveillez-vous !
En 1770, Abraham-Louis Perrelet façonne la “montre à secousses” plus connue sous l’appellation montre perpétuelle. Une montre que beaucoup estime être l’ancêtre de la montre automatique. En 1816, le premier chronographe est créé par Louis Moinet. Quelques années plus tard, Adrien Philippe, un des fondateurs de la célèbre et prestigieuse manufacture Patek Philippe, conçoit en 1842 la montre avec remontoir au pendant.
A la même époque, l’introduction de fonctions telles la rattrapante et le calendrier perpétuel prennent un extraordinaire essor.
Mais la production restée entièrement artisanale jusqu’au milieu du XIXème siècle, est remise en question dès 1850 par Edward Howard et Aaron Lufkin Dennison. Co-fondateurs de l’American Waltham Watch Company. Leur ambition pour le moins novatrice, produire de façon industrielle des mouvements, avec une telle précision que toutes les pièces sont parfaitement interchangeables. Nous voici à l’opposé de ce que l’établissage a déployé. Et bien entendu la montée en puissance des Américains est rapide, ils gagnent de grosses parts sur le marché mondial de l’horlogerie.
Alors qu’ils marquent de leurs pattes créatives l’exposition universelle de Philadelphie de 1876, l’ingénieur suisse Jacques David qui travaille chez Longines, interpelle avec vigueur ses compatriotes avec le désormais célèbre :
« Messieurs les horlogers suisses, réveillez-vous ! »
Électrochoc dans l’écosystème Suisse et réveil brutal ! S’ensuit une véritable vague de modernisation de l’horlogerie helvétique. Les ateliers suisses s’équipent en machines-outils assurant un niveau de précision extraordinaire et encore jamais atteint jusqu’à lors. De nouvelles méthodes de production, plus modernes, plus standardisées, viennent remplacer l’établissage, ancré pourtant dans l’histoire et la culture jurassienne.
Après ce réveil de survie, la Suisse maintient son rang dans l’industrie horlogère mondiale et conserve l’excellence de son savoir-faire et de ses produits.
Le XXè siècle, up and down, la crise du quartz !
Le XX è siècle est marqué par la Grande Dépression, qui commence outre Atlantique en 1929. C’est le coup d’arrêt pour l’industrie horlogère mondiale. Les petites maisons horlogères suisses ne surmontent pas cette période éprouvante, il est plus que jamais urgent d’être solidaires et de se rassembler.
Ainsi 2 grands groupes horlogers suisses sont créés : la SSIH : Société Suisse pour l’Industrie Horlogère en 1930 (un partenariat entre Omega et Tissot) et l’ASUAG, Allgemeine Schweizerische Uhrenindustrie AG en 1931 (holding réunissant les fabricants d’ébauches, de spiraux et de balanciers, ainsi que plus de quinze marques, telles Longines, Mido, Hamilton…).
Mais 40 ans plus tard la menace vient cette fois-ci du pays du soleil levant, avec le tsunami des montres à quartz. Précises, pratiques, chères, plus fun … Le succès est immédiat et les parts de marchés de la suisse s’effondrent passant de 50% en 1975, à 15% en 1983.
C’est la crise !
De nombreuses maisons horlogères ferment leurs portes, dans l’incapacité de s’adapter à une telle déferlante révolutionnaire. Encore une fois l’union fait la force en territoire helvète, presque à bout de souffle, l’industrie horlogère suisse joue un véritable coup de poker. Sous l’impulsion de Nicolas Hayek, Les 2 grands groupes fusionnent en 1983, et forme la SMH (Société de Microélectronique et d’Horlogerie), qui deviendra la célèbre Swatch Group.
Sortie de la fameuse Swatch ! Tout premier bébé issu de cette union résiliante ! Une montre simple, en plastique, disposant d’un mouvement à quartz, bien loin il est vrai des classiques suisses. Ironie de la vie ou agilité salvatrice, cette montre entrée de gamme sauve l’horlogerie suisse, lui permettant de survivre à ce que nombreux nomment depuis : la crise du quartz.
Un siècle qui bouscule le monde de l’horlogerie, mais qui voit aussi la naissance de marques prestigieuses
Qui ne connaît pas la célèbre marque Rolex et sa petite sœur Tudor ?
C’est en 1924 que Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, crée une société à Londres spécialisée dans la distribution de montres. Son rêve, concevoir une montre qui se porte au poignet. Même si à cette époque les montres‑bracelets manquent encore de précision, le génie visionnaire sait déjà intuitivement qu’elles deviendront tout aussi fiables, qu’élégantes.
Pari réussi en moins de 20 ans, le créateur réussit à faire de Rolex une marque à la fois prestigieuse, mais aussi à la renommée internationale. Une marque qui devient l’emblème du luxe et de la qualité. En chef d’entreprise éclairé, Hans Wilsdorf voit déjà qu’il y a un marché pour un autre segment : des montres de qualité, toujours de luxe mais avec des prix plus abordables. Pour ne pas impacter l’aura grandissante de Rolex, une autre société est créée. C’est en février 1926, que la maison horlogère « Veuve de Philippe Hüther » dépose pour le compte (et en nom) de Hans Wilsdorf la marque Tudor (en référence à la célèbre dynastie royale anglaise : les Tudor).
Le renouveau de l’horlogerie suisse
Éternel mouvement de la vie, telle une rotation horlogère…
Les années 2000 sont marquées par un véritable regain d’intérêt pour les montres mécaniques. Le quartz est délaissé et les mouvements automatiques ou manuels sont de nouveau tendance. C’est le retour sur le devant de la scène des maisons horlogères traditionnelles suisses. Des marques presque éteintes font même leur grand come-back pour la plus grande joie des puristes et de la grande communauté d’amateurs d’horlogerie traditionnelle, dont l’aura ne cesse de se développer.
L’horlogerie suisse est aujourd’hui en pleine forme !
Certaines marques sont même victimes de leur succès, et souvent en rupture de stock.
Si elle a encore de nombreux défis à relever : montres connectées, impact environnemental de l’industrie, influence et réseaux sociaux, l’horlogerie suisse émerge plus forte que jamais et solide de tous ces remous de surface qui ont parfois malmenés sont cap durant plus de trois siècles de traversée…
Nous sommes heureux de vous avoir partagé l’histoire de l’horlogerie suisse, une histoire forte qui marque notre confédération.
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