Du glacier à la mer, bien plus qu’un fleuve, une force de la nature
Il prend sa source au col de la Furka, à l’extrémité inférieure du glacier du Rhône, sur les pentes du massif de Saint-Gothard (partie orientale du Valais). Il se jette en mer Méditerranée après avoir parcouru pas moins de 810 km, dont 72 à travers le lac Léman (plus grand lac de suisse et l’un des plus grands d’Europe occidentale). Il est réputé pour son impétuosité, certains diront même pour son caractère exubérant, il est souvent sorti de son lit et a marqué tristement l’histoire de ses nombreux débordements. Le dompter, le canaliser, les hommes ont très tôt souhaité le contrôler, afin de limiter ses crues et de pouvoir exploiter ses atouts : navigation, source d’énergie, eau pour alimenter champs et villes. Aujourd’hui nous nous en réjouissons, beaucoup sont attentifs à sa biodiversité, et valorisent ses usages afin qu’il continue d’être ce magnifique cours d’eau qui fascine les territoires qu’il traverse.
Il est puissant, vivace, turbulent, la France et la Suisse se le partagent… Il est le Rhône !
« Qui ose traverser les grands fleuves ne craint pas les petites rivières ». Oui c’est bien d’un grand fleuve dont nous avons choisi de vous parler aujourd’hui dans cet article qui clôt notre mois consacré à notre magnifique canton du Valais… Et pas des moindres, vous l’aurez compris !
Depuis bien des années, il fait couler l’encre de grands auteurs, attire l’attention des historiens, hydrologues, des géographes et géologues fascinés par sa puissance et son incroyable singularité. Voie de navigation et de communication de première importance entre l’Europe du Nord et la mer Méditerranée, le Rhône n’est assurément pas juste un simple fleuve qui s’écoule tranquillement entre deux pays, il est captivant, surprenant… Il est unique.
Histoire, spécificités, atouts, beautés, nous autres artisans de l’eau et exploitants privilégiés de l’eau minérale naturelle de Sembrancher, vous proposons une rapide immersion au cœur d’un des plus fascinant et fougueux fleuve européen.
Un peu de littérature…
« Vous avez passé ce diantre de Rhône, si fier, si orgueilleux, si turbulent ; il faut le marier à la Durance ; ha, le bon ménage ! » affirmait dans ses lettres passionnées Madame de Sévigné à sa fille. Quant au dramaturge Racine, il disait de lui « Il n’y a pas trop de sûreté de se mettre sur le Rhône qu’à bonnes enseignes ». Ils sont nombreux, auteurs célèbres et autres poètes à avoir dans leurs écrits évoqué l’énergie et l’impétuosité du Rhône.
Un fleuve dynamique et envoûtant qui, si dompté dans certaines régions, est célèbre tout autant par sa beauté, que par sa fougue…
Rappelons qu’en terme de débit, de tous les fleuves s’écoulant en Méditerranée, le Rhône est second après le Nil, si l’on ne tient pas compte de la mer Noire, où se jettent notamment le Danube et le Don.
Dynamique, sauvage même parfois, il a d’ailleurs été identifié parfois à l’Éridan, dieu fleuve de la mythologie grecque, fils d’Océan et de Téthys
Un peu d’histoire et de géographie…
Son berceau, le glacier du Rhône en Suisse
Il y a plus 55 millions d’années, le Rhône est né de la création du sillon rhodanien : une gigantesque entaille générée par l’écartement de la croûte terrestre. Sa naissance est ainsi la conséquence des premiers soulèvements alpins et jurassiens, mais son tracé actuel a été formé par les glaciations würmiennes (glaciations du quaternaire dans les régions alpines entre 80 000 ans à 10 000 ans avant notre ère). Ses eaux sont la résultante de la fonte du glacier du Rhône (8 km de long, 1 000 mètres de large, 17 km2 de superficie).
Le glacier du Rhône se situe à la jonction de deux importants massifs alpins : les Alpes uranaises et les Alpes valaisannes. Il a donné naissance à ce fleuve singulier qui s’écoule le long d’un chemin irrégulier, jalonné de gorges rocheuses et de variétés de plaines aux fortes pentes.
Au fil de l’eau, il coule, il coule l’audacieux
La source du Rhône se situe donc dans le canton du Valais (dans son extrémité orientale – massif du Saint-Gothard), en fond de vallée de Gletsch.
Le fleuve Rhône ou autrement nommé Rotten jusqu’à Sierre. 290 km c’est la distance qu’il parcourt en Suisse (en traversant les cantons du Valais, de Vaud et de Genève) pour se jeter dans le lac Léman et en sortir à Genève.
C’est ensuite qu’il entre sur le territoire français où il va parcourir pas moins de 522 km, pour prendre un virage significatif après la ville de Lyon (dont le département porte désormais son nom et où il y croise au passage la Saône), cap vers le sud.
Et c’est dans le Delta de Camargue qu’il plonge enfin dans la mer Méditerranée. La dernière ville de France traversée par le Rhône est Port-Saint-Louis-du-Rhône. Fleuve majestueux d’aucuns affirment, qu’il offre, outre ses nombreux aménagements, le spectacle permanent d’une nature physique mouvante et dynamique, d’une nature audacieuse et vivante.
Un peu d’hydronymie…
Rhodanus (en 62 avant J.C.), Rodanus fluvius (en 869), Rodonus (en 915), Rodeno volvente (en 941), Aqua Rodani (en 1265), Rozer (au XIIIème siècle), Aqua Rodagni (1460), La rivière de Rosne (en 1492) … Les noms pour le qualifier sont telle son énergie, changeants selon les époques. La légende affirme que ce sont les Grecs venus faire du commerce à Ligure (bourgade située alentour d’Arles) et provenant de Rhodes qui lui auraient donné son nom. Ces grecs de Rhodes lui attribuent alors le nom de leur ville (couloir rhodanien que les Romains appelèrent Rhodanus). Pline l’Ancien, naturaliste et écrivain romain du 1er siècle pense pour sa part que le Rhône tire son nom de Rhoda ou Rhodanusia, colonie de Rhodiens construite à cette époque aux embouchures, non loin d’Aigues-Mortes.
Il semblerait que même si les nombreuses attestations anciennes se trouvent chez les auteurs grecs ou romains, que le nom soit en réalité préceltique, ou plus probablement celtique. Étonnant !
Un peu d’hydrologie…
Un régime hydrologique varié et complexe
Il est intéressant de noter que tout au long de son parcours, le fleuve Rhône reçoit 3 familles d’affluents aux climats variés. Ainsi dans sa partie nord, il est question du réseau hydrographique de la Saône, alimenté par des pluies aux origines océanique (durant les saisons d’automne et d’hiver). À l’est, ce sont les affluents alpins approvisionnés par les glaciers et la fonte des neiges au printemps qui viennent nourrir et modifier son hydrologie. Enfin dans le sud, le doux climat méditerranéen entraîne des étiages marqués (fort abaissement des eaux) et des crues significatives à l’automne.
Sembrancher au confluent des Dranses, une rivière suisse affluent du Rhône
La Dranse, rivière suisse de 44 km de long localisée à proximité de notre commune de Sembrancher provient de la confluence entre la Dranse d’Entremont et la Dranse de Bagnes. La Dranse se situe aux pieds du majestueux Mont Catogne d’où est issue la non moins précieuse eau minérale de Sembrancher.
Notons que la Dranse de Ferret est un affluent de la Dranse d’Entremont, (confluence à Orsières). L’embouchure de la rivière Dranse se trouve à 2 kilomètres au nord de la ville de Martigny, toujours dans le Valais. Enfin, notons pour finir, qu’une partie de l’eau minérale de Sembrancher (prélevée à la source issue du Mont Catogne) se déverse dans la Dranse (puisque nous ne prélevons que 1% du volume émanant du puits artésien), qui elle-même viendra rejoindre l’un des plus dynamiques fleuve d’Europe… Vous voyez certainement à quoi nous faisons allusion ?
Nous autres artisans de l’eau, sommes les témoins au quotidien d’un spectacle naturel privilégié, qui nous ramène à l’essentiel !
Alors pour conclure, nous vous partageons cette pensée du très éclairé A. Einstein, une pensée qui prend ici, plus que jamais, un sens profond :
“Regardez profondément dans la nature, et alors vous comprendrez tout beaucoup mieux.”